Papy, le crêpier hors pair.

Qui n’aime pas les crêpes ? Papy le savait qui régalait tout le monde de ses poêlées légendaires. Un homme « au poil » comme il aimait à le dire.

Issu d’une famille nombreuse, il est très jeune déjà passionné de sport. A
13 ans, il décide de faire le mur de son internat pour aller voir son idole,
Mimoun, courir sur la cendrée du pré Margot. Intercepté à son retour par le
directeur, il est sermonné mais il n’hésite pas à répondre : « j’m’en fous !
j’ai vu Mimoun ! ».
Il ne commence pourtant le sport qu’en 1968 à 31 ans avec de la boxe car
la tuberculose qu‘il contracte pendant sept ans, freine ses envies. Après un
passage au club de Handball de Miserey, il commence à courir en 1969.
Avec les cross, discipline o combien exigeante, notre Barbu s’éclate
pendant 25 années devenant même le pilier de l’équipe vétérane avec ses
camarades François Van Duyse et Serge Sommier. Ils parviennent à se
qualifier 3 fois pour les championnats de France de 1979 à 1983. En 1975,
c’est ce dernier qui l’emmène sur les chemins des courses sur route. 2h54 au marathon sera son meilleur chrono mais sur la trentaine de marathons qu’il réalise, tous sauf un sont chronométrés en – de 3h00, les spécialistes apprécieront.
Intéressé par la vie du club, il intègre le comité directeur en 1978 et se retrouve propulsé à la tête du club en octobre 1980 pendant 7 mois sans le vouloir. Il sait que la présidence n’est pas pour lui mais attaché au club, il ne veut pas le voir sombrer. Il assure ainsi plusieurs intérims de quelques mois. Il organise également dans les années 1990 quelques éditions du marathon de Cierrey avec sa fille Lydie et sa femme Marie-Claude. Car à cette époque toute la famille Beaumer est licenciée au club.
Serviteur infatigable de la cause EACiste, il endosse le rôle de Monsieur Buvette pendant une vingtaine d’années (c’est grâce à lui que je sais beurrer des tartines avec le dos d’une petite cuillère) puis celle de crêpier officiel de la section pour le bonheur de tous. Ce qui ne l’empêche pas de marcher. Il aime la marche athlétique, peut-être plus que la course d’ailleurs.
Au franc parler légendaire, désintéressé, sensible, c’est un homme de conviction qui donne de sa personne sans compter. En 1995, il n’hésite pas à faire un 5000m marche aux interclubs à 58 ans entre deux services à la buvette.
Fort de son expérience, il seconde des coureurs chevronnés sur des longues distances. Jean-Pierre Guyomarc’h sur des 24h00, Thierry Guichard sur des 100km, Gilles Letessier sur Paris-Colmar et Farid Boumkais lui doivent beaucoup. Il n’a qu’un regret : ne pas avoir participé comme athlète à un Paris-Colmar ou un Paris-Strasbourg à la marche.
Pour clôturer en beauté sa carrière d’athlète, à 70 ans il s’offre le challenge de faire les 100km de Millau à la marche. Pas mal !!
Sur le terrain, il se place sur le bord du parcours toujours au service de tous pour donner des conseils, des temps, des places. En compétition, on le cherche, il est précieux. Il sait dire l’essentiel avec le sourire.


Pour ses 80 printemps, Jean-François Amelot lui offre pour rigoler la plus belle des tablettes tactiles :
une feuille cartonnée et un crayon à papier accroché à une ficelle, tout un symbole de son attachement aux choses simples, aux valeurs de partage qu’il aime transmettre.


Un portrait de sportif, de bénévole auquel il faut rajouter l’homme de culture. Il aime la lecture, je lui dois la lecture de la vie incroyable de Jacques Anquetil. Je vous la conseille à mon tour. Il est aussi
passionné par la géographie, la connaissance du réseau hydrographique, des préfectures, des départements de l’hexagone. La connaissance de l’athlétisme évidemment et plus généralement du sport fait de lui un compagnon de discussion passionnant.

J’ai eu la chance de devenir son ami et le plaisir de l’accompagner tout au long de ces dernières années. Nous avons partagé de nombreux repas, et que m’amenait-il souvent ? Des crêpes et une petite bouteille de mousseux !! Admiratif de l’abbé Pierre et de sœur Emmanuelle, il avait choisi une vie monastique. Sa vie c’était le sport, les livres, sa famille, le stade mais aussi la danse. Durant les dernières années, il se plaisait à sillonner la région pour dénicher les meilleures guinguettes avec un
bon orchestre bien sûr.


Malheureusement, il y a deux ans la maladie est venue le cueillir en pleine nuit le rendant dépendant.
A l’Ehpad, après 3 mois de confinement, d’emprisonnement, c’est très dur. Avec le parking de l’Ehpad en guise de stade, comme un athlète qu’il reste, il sort tous les jours une à deux heures à la recherche d’une nouvelle performance. Il se plait à mesurer en combien de temps il est capable de faire le tour du bâtiment avec l’espoir d’un meilleur chrono.
Il y a un mois on lui offre la possibilité de retrouver le stade pour quelques heures. Ce feu de paille est un de ces derniers moments de bonheur.
Papy, tous les membres de l’EAC et tes amis te remercient du fond du coeur pour ces années, tu as été un formidable compagnon de route, un père, un confident, qui a su trouver les mots, les sourires pour nous épanouir.

Joyeux quoi qu’il arrive, bienveillant, apôtre sans le vouloir de la Frugalité, volontaire du dépouillement des biens matériels, tu t’es donné à la Vie, la vraie. Nous t’offrons aujourd’hui pour ton ultime ballade la musique tranquille et douce du bruissement de nos pas sur une allée boisée.

Salut le nomade, le bohème au grand cœur.

Merci Christophe Bontemps pour ce magnifique texte, avec l’aide de certains confrère de l’Évreux AC Athlétisme.

Cagnotte pour rendre hommage à notre Papy

Article : Homme de cœur.

Article : Papy le sensible.

Article : La dépêche

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